Comme un enfant aux yeux de lumière qui voit passer au loin les oiseaux, ...
D'accord,
je n'ai pas les aptitudes de la nounou de M., la famille P. ou de ma soeur !
Je
ne raffole pas des gouzis gouzis, prouts odorants, rots laiteux, … Mais là je
m'interroge ???
Alors
que je joue à la version sénégalaise de « un éléphant qui se balançait sur
une toile... » avec les plus grandes. Je ne parviens pas à approcher
les jeunes enfants sans déclencher un torrent de larmes bien compréhensible,
mais fort déstabilisant. Dans le meilleur des cas, ils se réfugient voire
s'agrippent aux jupes de leurs mères.
Les
enfants me regardent avec curiosité, avec un regard plein d'interrogations.
J'aimerais tellement savoir ce qu'ils pensent.
Dans
la rue, certains nous montrent du doigt en disant « toubab toubab
!!! » et nous échangeons un sourire. Mais les enfants sont pareils ici
ou ailleurs : malicieux, espiègles, rêveurs, timides, joueurs...
Dans
le bus matinal, je croise des fillettes tout de rose vêtue en compagnie de leur
maman sur le chemin de l'école ou du jardin d'enfants. Leurs cheveux habilement
tressés sont de véritables ornements auxquels on rajoute souvent des pampilles
en plastique (lettres de l'alphabet, bijoux de cheveux).
Les plus grandes en petit groupe revêtent un uniforme aux couleurs de l'école. Les uniformes sont censés limiter les discriminations par l'argent. Il y a tant d'inégalités ici au Sénégal. Pourtant malheureusement rien n'arrête cette volonté de s'afficher et de paraître pour appartenir à un clan. Les chaussures sont devenues le moyen de se différencier. Les familles rognent sur un budget déjà bien modeste pour que l'enfant soit à la page. Ainsi les jeunes arborent des baskets aux blasons argentés mondialement connus. Je ne comprends pas pourquoi les gens adorent se transformer en panneau publicitaire.
Ici,
tout le monde se côtoie dans la rue du plus modeste au plus fortuné, du plus
toubab au plus sénégalais.
Ainsi,
jeudi dernier, le CCF L. S. Senghor organisait une conférence sur l'excision, à
laquelle une classe de lycéens est venue assister en nombre. Je dois avouer que
pour le coup, c'est moi qui devait les regarder bizarrement ces ados aux
allures androgynes, à la mode française : petit sac, baggy, leggings, la totale
look !! Bon, je me doute que pour la rentrée, en France, les commerciaux les
plus futés leur ont réinventé une nouvelle mode à base de glam rock et de slam
choc !! Mais tout de même, je ne m'attendais pas à trouver ici aussi et de
manière si criante cette standardisation des moeurs.