Comme un poisson hors de l’eau …
Les pannes d'électricité sont monnaie courante désormais et reste ponctuelles. Mais cette semaine, une nouveauté au programme : les coupures d’eau !!! Sans électricité passe encore, on se débrouille : plus d’ordinateur, ni de ventilo… romantique dans l’âme, je dîne aux chandelles…. Mais quand l’eau vient à manquer par cette chaleur, là c’est la galère !!! Notre voisine du dessus dans ce cas-là met carrément les voiles chez ses parents à Rufisque.
A mon arrivée, j’avais bien vu des bidons d’eau derrière la porte de la salle de bains, mais pragmatique, je m’étais dit qu’il y avait certainement une bonne raison à cela. Et ça y est, je l’ai la bonne raison ! La coupure d’eau… !
Brève explication : sur le toit de l’immeuble, une réserve se remplit au gré de la journée et nous redistribue son contenu à chaque tour de robinet. Mais là, comble de malchance, le contrôleur de la SNE = Société Sénégalaise des Eaux, lors de son dernier passage, a omis de rouvrir la vanne. Nous avons vécu quelques jours sur la réserve… sur quoi, le quartier vient à être à court d’eau. Nous voilà donc fort dépourvus quand la panne fût venue. Cet épisode de sécheresse dura quelques jours qui me parurent bien longs. Imaginez à la descente, nos têtes désappointées devant notre robinet asséché.
Chacun se débrouille, on fait des réserves, on va faire la queue avec son bidon au coin de la rue… Chaque tâche de la vie quotidienne nous invite à rationner l’eau : boire, se laver, nettoyer, aller aux toilettes, cuisiner…
C’est dans des moments comme ceux-là que je me rends compte de la valeur de l’eau : denrée Ô combien précieuse pour les pauvres mortels que nous sommes ! Sans eau, rien n’est possible… et je me considérais jusque là comme une personne avisée et responsable, mais tant que je n’avais pas vécu le manque, je crois que je n’avais que la théorie.
Je me lave avec le strict minimum, je garde toujours de l’eau filtrée pour boire, je cuisine à l’économie, j’évite de salir, ... comme si tous ces gestes d’habitude si aisés pouvaient avoir d’autres conséquences : épuiser trop vite nos maigres réserves d’eau. J‘économise ma consommation d’eau dans l’espoir que cela suffise à tenir jusqu’à la reprise normale des choses.
Ici, je me retrouve à accomplir des gestes millénaires et simples dont mon corps a perdu la mémoire trop habitué à un certain confort. Se laver avec une gamelle et une bassine d’eau, aller aux toilettes à la mode arabe, faire du lait avec du lait en poudre, ne pas boire directement l’eau du robinet, garder des bougies à portée de main, faire sa lessive à la main, manger exclusivement avec la main droite… cela est bien peu de choses en réalité, mais au-delà j’y vois un peu de la vie de mes grands-parents, telle que Mère-grand me l’a raconté.
Les choses sont bel et bien rentrées dans l’ordre, l’eau coule à profusion… mais derrière la porte de la salle de bains, il y a, à nouveau, des bidons remplis d’eau, juste au cas où !!!