Je m'baladais sur l'avenue...

Je voulais prendre mes marques dans la ville et quelle meilleure manière que d'arpenter la ville mes crampons au pied. Quand tu es ballotée, écrabouillée, plaquée contre ton voisin dans un bus tous les jours, tu ne vois rien.

Là, tu te fais tout de suite remarquer parce que c'est un truc de toubab de marcher !!! Les chauffeurs de taxi me harranguent : "Mais il faut prendre le taxi, là. Personne ne marche à Dakar, les femmes prennent toutes le taxi etc." Et puis, ça fatigue de marcher et avec le ramadan, les gens sont épuisés. Ils ne peuvent ni boire ni manger le jour durant et la chaleur est tellement étouffante. J'en respecte d'autant plus leur ferveur.

Alors, je parcours ces rues bondées de voitures, ces trottoirs  couverts d'étals de toute sorte entre lesquels je me faufile et bien sûr, ces gens aux conversations animées... La ville bruisse de milles sons sous un soleil de plomb. De haut parleurs, en provenance d'un bâtiment voisin, résonne le vague murmure d'une conférence sur la religion islamique. [En quelque sorte, en période de ramadan, c'est un moyen d'expliquer les préceptes religieux à ceux qui n'auraient pas eu l'opportunité d'être informés].

J'avance à ma cadence, distribuant généreusement sur le passage aux marchands et aux curieux des Salam aleïkoum à qui veut bien les entendre.

Je respire l'air chargé d'humidité, de chaleur et de poussière. J'ouvre grands les yeux : ce bébé qui voit le monde dans le dos de sa maman, cette jeune femme seyante drapée  dans un tissu chamarré au port de tête de reine, ce jeune talibé qui bondit à mon passage dans l'espoir de récolter quelques subsides, ces ouvriers qui fabriquent des moellons au coin de la rue. Tout ce monde vibre de sons, de couleurs, d'odeurs.... tout cela me rappelle un peu l'Inde où porté à son paroxisme  le putride peut côtoyer le sublime.

Comments

[cybcharly]

héhé ... jolie référence ; ))