Tabaski à Pikine

Katie était face à un dilemme : quitter la pièce pour échapper au regard de la toubab qui lui faisait si peur ou affronter les têtes de moutons décapitées qui gisaient sur le sol à l'entrée de la chambre. Sa seule réponse : pleurer et essayer de trouver refuge dans les bras de sa grand-mère.

Bon, un bon point! Elle n'éclatait plus en sanglots à ma seule vue, elle se cachait espérant ainsi que je ne la vois pas. D'ici peu, je suis sûre que nous serons de grandes copines, toutes les 2.

La Tabaski, je vous en ai expliqué le déroulement... je vais vous en délivrer mes impressions à présent (la suite dans la newsletter de décembre.)

La veille, à la descente, je prenais le bus jusqu'au rond point de liberté 6 avec l'envie de voir une dernière fois, le marché aux bestiaux qui campait entre les 2 voies. L'effervescence était à son comble. Les ventes allaient bon train... les moutons se retrouvaient rapidement entravés et attachés dans les coffres de taxi, les camionnettes, ou à bout bras, tirés fièrement par les garçons venus accompagner leur papa. Je me posais au bord de la route et regardait tout cela : il régnait une ambiance digne des veilles de Noël. Vous savez l'esprit de Noël !! Et bien pareil, …

Difficile d'arriver à la maison... les embouteillages étaient nombreux à cause de tous les automobilistes pressés de retourner au village. Plus tard, dans la soirée, les rues étaient quasi désertes... rien à voir avec les rues habituellement très animées même à des heures tardives.

Le jour suivant, c'est la Tabaski, j'ai appris ma leçon. A chaque personne rencontrée, je lui demande de laver mes pardons par un balma akh auquel il répond banala... et inversement. Dewenati !!! = Bonne fête de Tabaski !

J'ai rendez-vous à 10h à Pikine, en banlieue dakaroise, chez Astou. J'ai préféré dormir et ai misé sur un taxi pour arriver à bon port. Pas envie d'aller négocier avec un apprenti de car rapide. Je sors de chez moi, et le 1er taxi, après ferme négociation, c'est bon ! Il a peu râlé devant mon intransigeance mais nous sommes parvenus à un accord : 2000 et il peut prendre d'autres passagers  s'il en trouve.

Nous traversons Grand Yoff prenons un autre passager pour Pikine et … les abords de la mosquée se couvrent d'hommes à genoux sur leur tapis prêts à prier. Des boubous de toutes les couleurs... des pères et leur enfant, des anciens, des jeunes garçons aussi ! Tous réunis pour ce jour de fête et de foi !

Arrivée chez Astou à 9h45 !! Je retrouve sa famille avec grand plaisir... je ne les ai pas vus depuis la Korité et je les salue chaleureusement. Je me sens chez moi... tout comme Astou quand elle vient à l'appart'. Les petits ont grandi... le frère d'Astou me montre les 5 moutons qui attendent patiemment leur sort dans la cour attenante.

Le ? arrive et chaque mouton subit son sort... en quelques minutes, les voilà dépecés, vidés, coupés... pendant ce temps, les femmes s'activent à préparer le plat : pommes de terre frites, viande en sauce (oignons, ails, épices diverses, cube maggi...).

Nous discutons, nous rions... le frère d'Astou me taquine en me disant qu'il veut me prendre pour 3ème épouse, je ris avec la jeune mariée et discute avec tous. Nous regardons la télé : un programme spécial pour les fêtes avec des émissions musicales, des séries d'Amérique du Sud et d'Inde. Vaïdethi, une saga indienne à rebondissements dont Astou traduit les dialogues à sa maman.

Je photographie et je joue avec les enfants. Le repas est prêt et nous nous asseyons tous autour du plat prêt à le déguster à la main et avec du pain (moi, j'ai une cuillère... je n'ai pas encore le coup de main).

La journée passe à toute allure, … Cette fois-ci, j'ai de la monnaie pour le dewenal des enfants : les étrennes. Astou se charge de la répartition. Par contre, je ne savais pas qu'il fallait des étrennes pour les anciens. Ce sera pour une fois prochaine...